New-York Tahiti, Godon et Matisse dans le même bateau

La Voix du Nord - Février 2018

A la demande du musée du Cateau, Alain Godon fait écho au voyage d’Henri Matisse à New York et Tahiti. Les impressions des deux plasticiens se rejoignent en un univers net et coloré. Grâce à la scénographie, le visiteur traverse un rêve. ARTS VIUELS. En 1930, Henri Matisse part pour un long voyage, en quête d’émotions. Le bateau le mène du Havre à New York. Le peintre est ébloui. “New York m’apparaissait comme une pépite d’or” écrivit-il. L’energie de la ville, son architecture, le galvanisent. “A partir du 10ème étage, c’est le ciel qui commence parce que la maçonnerie est déjà mangée par la lumière” note-t-il. Pour le musée du Cateau-Cambrésis, Alain Godon, 53 ans, révélé au Touquet, exposé à Miami et Paris, se lance sur les traces du maître et élabore un parcours sous le titre “L’Architecture du rêve”. Godon connaît bien New York et il a réalisé de nombreuses oeuvres inspirées de ses rues et de ses monuments. Artiste au trait précis et à la couleur soutene, il effectue de multiples variations sur un thème. Intéressant quand on passe de la toile à la sculpture ou au dessin. Bien moins quand la même scène est déclinée aux 24 heures du jour. L’intérêt des compostions de Godon réside dans la distorsion des lignes, dans une forme de jubilation de la cité, dans sa métamorphose en univers onirique. Matisse dit de son oeuvre qu’elle est “l’expression d’un rêve toujours inspiré par la réalité”. La formule vaut pour Alain Godon, qui sait aussi parfaitement jouer avec le métal et les déformations (David et Goliath, 2017). Pour le séjour à Tahiti, où il s’est rendu tout exprès, Godon a fait preuve d’inventivité. Il a installé un fantomatique véhicule ensablé sur le parquet du musée et une cabane sur une plage touristiquement enrubannée. Avec, pour les tortues et les poissons volants, un aspect décoratif un peu trop poussé. Mais l’ensemble correspond à cette réflexion de Matisse sur Tahiti : “Je cherchais autre chose que l’espace réel”. La scénographie léchée de cette expo offre au visiteur, grâce aux liens entre les divers types d’oeuvres, aux lumières subtiles et au vent dans les voiles peintes, une vraie traversée onirique.

La Voix du Nord - Février 2018