Le Touquet : surtout ne prenez pas gare au gorille!

Les Echos du Touquet - Avril 2019

Qu’on se le dise : Godon a accouché d’un beau bébé ! 600 kilos, un an de fabrication dont six mois de fonte plus tard et le voilà prêt à être présenté au monde... Ce mardi 2 avril, Little Don King, a donc posé son fessier avenue du Verger, pile devant la Galerie 1 Bis de son ami Olivier Dehaffreingue, faisant écho aux autres animaux nés sous les doigts de Godon, qui y sont installés et nommés génériquement « Indomptables ». « J’adore sculpter et ma femme adore la sculpture animalière, j’ai donc voulu lui faire plaisir. Et puis, bien que l’architecture me passionne, ça m’a permis de sortir un peu de ma zone de confort... il fallait que je me pique à autre chose ! » Mais cette maman gorille et son petit lové dans les bras n’ont rien d’indomptable. Tout en rondeur, tout en douceur, mère et fils affichent même un léger sourire, semblant anticiper leur succès sur papier photo. « J’ai appris de la Tour Eiffel. Je suis triste de voir qu’il faut la protéger, là je voulais tout le contraire ! » Alain Godon, artiste Bien vu  ! À peine posée, la statue monumentale fait déjà des émules sur les réseaux sociaux. En solo ou en selfie, les gorilles attirent la lumière. Présent pour l’installation, Alain Godon se réjouit de l’enthousiasme non feint des passants : « J’ai appris de la Tour Eiffel. Je suis triste de voir qu’on a du la protéger car le matériau est fragile et là je voulais exactement l’inverse. Cette sculpture monumentale de Little Don King a été pensée pour que les enfants puissent monter dessus, s’amuser avec, lui tirer les oreilles et les formes sont arrondies volontairement pour qu’ils ne se blessent pas. » Autre détail, et non des moindres, Godon a fait réaliser cette sculpture en bronze « Il est certain que ça m’aurait coûté dix fois moins cher en résine mais je voulais aussi faire un cadeau durable à ma ville... » Loin du mercantilisme... « Cadeau », le mot est lancé, coupant l’herbe sous le pied aux potentiels détracteurs : « À chaque fois que je marque un pas dans ma carrière je souhaite rendre à ma ville ce qu’elle m’a offert. Quoi qu’on en dise, au Touquet on peut encore vivre son rêve américain. Perso j’ai des photos de moi sur cette plage en train de faire des pâtés, je dois avoir 2 ans, donc j’ai toujours fréquenté Le Touquet mais quand j’ai déboulé ici à 24 ans avec ma valise en carton et des dessins pleins la tête, des gens m’ont fait confiance et m’ont aidé à grandir. Cette ville je l’ai dans mon cœur ! » « Au Touquet on peut encore vivre son rêve américain. Quand j’ai déboulé à 24 ans avec ma valise en carton on m’a fait confiance... » Quand Alain efface Godon Et les habitants ne s’y trompent pas. Ils seront plusieurs à affronter l’humidité de ce mardi matin pour embrasser expressément l’enfant du pays. Ils se fichent pas mal du prix des œuvres ou du rayonnement à l’international. Non, celui qu’ils sont venus voir c’est Alain. Le copain du fiston, l’ami d’un père, cet Alain qui a multiplié les petits jobs, puis les petites et les grandes expos jusqu’à réussir sous le nom de Godon. En les observant, je me suis dit que finalement cette sculpture c’est peut-être une allégorie ? Ce bébé gorille c’est peut-être lui et la main bienveillante, celle des Touquettois qui l’ont porté... À moins que ça soit aujourd’hui l’inverse ?