GODON DANS LES PAS DE MATISSE
L’Oeil – Décembre 2017
Musée Matisse jusqu’au 4 mars 2018 Alain Godon est un phénomène. Ce n’est pas un habitué du Palais de Tokyo ou de la Fiac, mais chacune de ses oeuvres se vend entre 50 000 et 200 000 euros. Ses galeristes, dont un à Miami, le sipplient de leur donner des toiles, et sa liste de clients est aussi longue que l’annuaire des professions libérales et chefs d’entreprise des Hauts-de-France. Et pour cause, ce sont les mêmes. En 2008, quatre cents de ses fans ont traversé l’Atlantique pour aller voir son exposition à New York. Esthétiquement, son travail se rattache au street art, il s’en défend mollement. Autodidacte, il a pourtant fait ses classes en dessinant à la craie des tableaux sur les trottoirs du Louvre. Pour ses 53 ans, le Musée Matisse du Cateau-Cambrésis lui a offert sa première exposition dans un grand musée. Son directeur, Patrice Deparpe, lui a proposé de marcher dans les pas du voyage que fit Matisse de New York à Tahiti. De ses séjours dans ces lieux, Godon a ramené des impressions qu’il a retranscrites dans des toiles, des sculptures et des installations. C’est ainsi que la première séquence, consacrée à la ville américaine, présente surtout des vues urbaines dans une tonalité généralement sombre. Un sentiment renforcé par un dispositif, utilisé à trois reprises, où un tableau est accompagné d’une série de vingt-quatre impressions sur alluminium reproduisant ledit tableau à différentes heures du jour et de la nuit. Ici, le style Godon, très identifiable, s’exprime avec le plus d’intensité dans des scènes urbaines, très dessinées et colorées, faussement naïves, pleines de personnages qui sont autant d’allusions autobiographiques ou de clin d’oeil à l’actualité. La séquence polynésienne, surtout composée d’installations, immerge le visiteur dans une ambiance ensoleillée et festive. La scénographie est tout aussi soignée que les oeuvres. On en ressort gonflé d’optimisme. Jean-Christophe CASTELAIN
